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Al Gore écologuignol ?... Oui, comme beaucoup d'autres écologistes.

Une vérité qui dérange Al Gore
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Après le remarquable documentaire d’Al Gore sur le réchauffement climatique, une polémique est née aux Etats-Unis suite aux attaques d’associations lui reprochant de passer volontairement sous silence les sources d’émissions de gaz à effet de serre bien plus polluantes que tous les transports réunis et bien plus facile à éviter.
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Il faut tout d’abord commencer par reconnaître le formidable tremplin qu’aura donné Al Gore à la dénonciation du problème du réchauffement planétaire. Il aura fait un travail mémorable de communication et d’information qui a fait date. Ca, on ne pourra jamais le lui enlever. Mais peut-être va-t-il falloir se passer de son exemple [1] pour agir concrètement.
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Il n’est donc pas question de remettre en cause la pédagogie et la valeur informative du documentaire Une vérité qui dérange. Mais, au long du documentaire, quelque chose d’autre que le réchauffement climatique peut déranger : on y entend en effet la voie torturée par l’angoisse des conséquences de nos actes d’un Al Gore voyageant en business class [2] ou conduisant sa grosse berline à travers l’élevage bovin de ses parents.
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Il y a là une distance astronomique entre le discours et l’action qui n’a pas échappé non plus aux associations de défense des animaux qui l’attendaient au tournant. En effet, peu de temps après la sortie du documentaire, des critiques ont commencé à pleuvoir de la part notamment des associations de droits des animaux Humane Society et de PETA, car ces dernières surfent désormais sur la vague écolo avec un argument massue :
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Confirmé récemment par un rapport de l’ONU, la consommation de viande [3] est une cause incontournable du réchauffement climatique, selon certains calculs elle y contribuerait deux fois plus que tous les modes de transports réunis. Pour l’illustrer, des géophysiciens de l’université de Chicago ont calculé que le passage à un régime sans viande est nettement plus efficace écologiquement que de rouler en voiture hybride.
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Passer ce fait sous silence reviendrait donc à utiliser les mêmes méthodes de désinformation que M. Gore dénonce dans son documentaire. Et ce n’est « que » la contribution au réchauffement planétaire de l’élevage qui est mise en avant. La transformation artificielle d’eau, d’hydrocarbures et de végétaux en barquette de viande a d’autres impacts tout aussi désastreux écologiquement.
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Plus de la moitié des surfaces agricoles y sont dédiées en France, et d’autres pays, pour accompagner la croissance de la demande mondiale, transforment des écosystèmes uniques en pâturage et culture fourragère (par exemple l’Amazonie, rongée par les pâturage et la culture de soja dont 90 % est destinée à l’alimentation du bétail notamment européen et américain). Le gaspillage d’eau : 70 % de l’eau potable y est détournée rien qu’en France [4]. Sans compter que la concentration d’animaux affaiblis dans les élevages industriels est un formidable terrain de développement pour des maladies transmissibles à l’homme (vache folle, grippe aviaire, grippe porcine...). Dans l’avenir, il risque d’être difficile de revendiquer l’addition écologique de cette mauvaise habitude alimentaire sans mourir de honte.
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Qu’en dit le héros du refroidissement planétaire ? Pas un mot... si, il a le courage de demander à ses auditeurs de changer d’ampoules électriques pour des modèles à basse consommation ou de s’acheter une voiture hybride s’ils en ont les moyens, il ne leur dit pas que le moyen le plus rapide et efficace pour diminuer leur participation aux émissions de gaz à effet de serre serait de diminuer leur consommation de viande.
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Est-il tenu par les tout-puissants lobbies de l’agro-alimentaire et pharmaceutiques américains ? Possible, pourtant il dénonce clairement les lobbies pétrolier et automobiles dans son documentaire. Est-il comme beaucoup d’humains avançant en âge, paniqué par la perspective de changer profondément ses habitudes ? Est-il juste ignorant ?
C’est tout de même assez troublant de la part de quelqu’un se prétendant profondément concerné par la juste cause de l’écologie.
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Ces associations ont profité de la situation pour ressortir la trop avant-gardiste litanie sur les bienfaits du végétarisme [5]. La dimension éthique ou diététique conduisant à l’exclusion totale de la viande effraie souvent plus qu’elle n’attire, et malgré sa justesse elle participe souvent à la décrédibilisation du discours aux yeux de la majorité qui ignore pourtant tout de ce mode de vie. Leur travail d’information aura pourtant porté et la polémique a été reprise par le International Herald Tribune et le New York Times. Comme d’habitude, les médias français auront profité de l’occasion pour ne rien dire. Trop dérangeant ?
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Aucun geste n’est inutile. Toutefois, il faudra tôt ou tard avoir l’honnêteté intellectuelle de bien vouloir admettre l’impact indéniable de la surconsommation de viande sur l’environnement et la santé et de faire l’effort d’en manger moins. Se focaliser uniquement sur les ampoules électriques ou les voitures hybrides risque d’être fort insuffisant. Qu’Al Gore le veuille ou non, la lutte contre la pollution et le réchauffement planétaire ne pourra pas sauter la case de la remise en cause de nos habitudes alimentaires. Epilogue de la polémique : Diminuer sa consommation de viande - le geste le plus simple, rapide et efficace pour diminuer son empreinte écologique et ses émissions de gaz à effet de serre - sera désormais "suggéré" à la page 317 du livre Une vérité qui dérange...
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[1] En plus de l’objet de cet article, il apparaîtrait que le foyer des Gore consommerait 20 fois plus d’énergie qu’un foyer américain moyen. Polémique reprise par L’Express. A noter également la publicité passive pour Apple (dont M. Gore siège au comité de direction) qui est la marque la plus mal notée par Greenpeace dans son classement des marques high-tech utilisant des composants toxiques.
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[2] « L’avion charter bien rempli, sans classe affaire, est peut-être douloureux pour les jambes, mais il est plus sobre pour le climat, par rapport aux nombres de passagers transportés. » IFEN
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[3] Par « la viande », c’est l’élevage intensif ou extensif, nécessaire pour fournir en viande les concentrations urbaines qui est en cause. Si vous êtes un inuit ou un pygmée vous n’êtes pas concerné par la problématique.
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[4] Rapport ministériel « agriculture et environnement » 2005
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[5] Pour ceux que le débat intéresse, les bienfaits du végétarisme (surtout si les végétaux sont produits localement et de saison) sont avérés pour la santé des humains, pour l’environnement, l’eau, les forêts, les animaux et aussi pour les carottes et les laitues, nul besoin d’être un génie ou un dictateur omnivore pour comprendre.
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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ils me dégoutent, tous ces types (hulot, artus, ect) qui se font du fric sur le dos de l'écologie, comment peuvent-ils se regarder dans une classe??

Anonyme a dit…

glace, que je voulais dire, off course