Charles Patterson reprend l’idée et publie le livre « Un éternel Treblinka », dans lequel il construit un historique des conduites des hommes envers les animaux. Il établit ensuite l’idée que ces comportements servent de modèle à toutes les oppressions humaines possibles. C’est ainsi que les nazis auraient pu rationaliser le processus d’extermination des Juifs : « l’extermination des Juifs et l’abattage des animaux fonctionnent sur le même modèle (…) Ce que nous faisons aux animaux et que la société accepte, cela nous donne la mauvaise habitude de vouloir exploiter les faibles, et malheureusement, quand des humains se retrouvent en position de faiblesse, des réfugiés, des minorités persécutées, on les appelle des animaux et on les traite comme des animaux »2 .
Le président du Conseil central des juifs d’Allemagne a salué l’interdiction du gouvernement en 2012, expliquant que « cette campagne d’affichage banalise l’Holocauste de manière irresponsable ».
D’une façon générale, les opposants condamnent la comparaison entre l’abattage des animaux à des fins alimentaires et celui des prisonniers dans les camps de concentration nazis par crainte qu’elle ne contribue à atténuer la portée de l’antisémitisme. Les Juifs étaient en effet tués parce qu’ils étaient juifs, alors que les animaux sont tués pour être mangés.
Trop tabou pour en parler
Le sujet est si tabou que le débat philosophique est rarement abordé. Les défenseurs des animaux n’hésitent pas à parler de « déni spéciste » lorsque des personnes sont outrées de cette comparaison. Le spécisme est le fait de placer l’espèce humaine au dessus des animaux, ce qui lui offrirait des avantages et des droits sans qu’ils soient justifiés. Mais au-delà de cette idée, il semble naturel que l’espèce humaine ait plus d’empathie pour sa propre espèce que pour les autres.
Isaac Bashevis Singer a eu la chance de ne pas faire partie des plus de cinq millions de Juifs tués par les nazis. Loin de vouloir asservir ses origines avec son militantisme contre l’exploitation animale, il rend hommage au peuple juif grâce à ses livres écrits en yiddish, la langue couramment parlée par les communautés juives d’Europe à la veille de la seconde Guerre Mondiale.
1 Treblinka est un des camps d’extermination nazi situé en Pologne dans lequel ils faisaient croire aux prisonniers qu’ils arrivaient dans une vraie gare pour se présenter à la désinfection, avant de repartir pour un autre camp de travail.
2 Interview de Charles Petterson par François Noudelmann dans France Culture, 2008.
1 commentaire:
Très intéressant comme article ! Et oui, même si la finalité est différente (holocauste des juifs VS holocauste animale) il n'en est pas moins que le procédé est le même. Et on le trouve dans toute forme d'esclavage. Maintenir la frayeur et les sévices (très violents) physiques et psychologiques afin d'asservir un peuple ou une espèce pour une finalité. Je ne sais pas si tu connais Gary Yourofsky, un activiste américain pour la libération des animaux qui fait le tour du monde avec ses conférences, mais il est juif aussi et il compare sans cesse l'exploitation animale comme l'holocauste de tous les temps qui dure depuis des milliers d'années. Selon mon avis, les opposants qui osent dire que de comparer l'exploitation animale à l'holocauste banalise l'holocauste juif de la deuxième guerre mondiale semble plutôt banaliser l'exploitation animale en maintenant un écart entre les deux comparaisons. De toutes évidences, c'est à nous maintenant, chaque humain, de se positionner contre toutes sortes d'asservissements et d'esclavage quelqu'ils soient. En devenant vegan mais aussi en essayant d'acheter local, fait par un adulte protégé par les lois du travail et non par un enfant de moins de 15 ans quelque part dans le monde. Tout ça est un combat de tous les jours, ce n'est pas facile, mais chaque micro-geste compte.
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